lundi 21 janvier 2013

Emission sur le harcèlement à l'école, extrait 2


Bonjour,
Pour ma part j'ai été dénigrée pendant toutes mes années collèges.
Les élèves de tout le collège m'insultaient, me bousculaient et lançaient des rumeurs sur moi. Ils disaient que j'étais homosexuelle ou encore que je me prostituais pour un choco BN... et bien d'autres choses encore ! Ils avaient même crééent un comité contre moi...
Cela a duré 4 très longues années où je me rendais malade parce que j'appréhendais tellement de retourner en cours. Je fesais des crises d'angoisse tous les soirs sans exception mais mon père ne voyait rien ! ! !
j'ai redoubler ma 3ème et changé de collège mais les élèves de cette nouvelle ville se comportaient de la même manière et comme mon corps commençait à se former ils avaient des remarques très déplacées... je me suis énormement remise en question et je ne voyais toujours pas ce qu'ils avaient contre moi. Je leur ai donc posé la question et une personne m'a répondu que c'était juste parce que je n'écoutais la même musique qu'eux ou encore que j'étais trop polie (je me rappelle que je ne disais pas une seule phrase sans grossièreté à l'époque) ! ! !
Mon calvère s'est terminé en 2007 après 5 ans de harcèlement, je vie maintenant en couple, j'ai eu mon BAC et mon permi, mais je n'arrive pas à trouver de travail car je n'ai pas assez confiance en moi et les employeurs le ressentent.
Une personne pleine de vie et toute une personnalité ont été gâchés juste pour de la musique et une manière de parler...et les membres du corps enseignant n'ont jamais levé le petit doigt quand j'allais les voir, ils disaient que j'étais trop parano...
Aujourd'hui, je me reconstruit et je construit une nouvelle vie. Nous avons pour projet de faire un bébé depuis quelques mois et je n'ai jamais été aussi heureuse de toute ma vie ! ! !
Un message d'espoir -je l'espère- pour toute les personnes qui le vivent ou qui l'ont vécu...le chemin est très long parfois mais tout s'arrête un jour et même si cela prend du temps on arrive à se reconstruire petit à petit ! ! !

Emission sur le harcèlement à l'école, extrait 1


Bonjour,
J'ai été victime de harcèlement en CM2. Je pense que j'étais restée une enfant, bien trop gentille, qui ne répondait pas aux agressions, et les autres en ont profité.
Et du coup ça s'est poursuivit en 6ème et 5 ème puisque je suis entrée au collège avec ce "fardeau".
Pendant 3 ans on m'a dit 20 fois par jour que j'étais une pauvre fille, une pauvre niaise. Alors évidemment j'ai fini par le croire : j'ai perdu toute ma confiance en moi, je me sentais laide, j'étais maladroite. Le cercle vicieux...
Des souvenirs me reviennent. En art plastique j'avais réalisé une création à la maison, avec ma mère. Au collège, les élèves devaient se lever, faire le tour des tables pour voir les créations personnelles de chacun, puis les noter. Tout le monde m'a "boycotté", personne n'a regardé ce que j'avais fait... et ils m'ont donné la plus sale note qui soit en rigolant. La tristesse à ce moment là...
Les midis à déjeuner seule au self, seule à ma table...
Toutes les récrés passées au cdi, toujours seule...
La solitude, les insultes, les "pièges", les bousculades dans les escaliers. Aujourd'hui encore, je rêve des escaliers du collège, je rêve que j'en tombe......
J'ai mis des années et des années à retrouver confiance en moi. Il n'y a qu'aujourd'hui, à 27 ans, que je pense avoir a peu près retrouvé cette confiance.
J'aimerais revoir tout ces gens, pour leur montrer ce que je suis devenue. Prendre ma revanche.
A l'époque j'étais laide et mal fagotée. Ce qui ne m'a pas aidée Je ne portais pas de marques.
Le pire c'est que les profs étaient du côté des élèves de la classe........ et favorisaient donc toute cette "ligue" envers moi.

Bravo au pédopsychiatre de l'émission, qui a tout dit, à bien cerné le problème, les causes... c'est exactement ça.

vendredi 4 janvier 2013

S'entraîner à voir un autre point de vue...

"X...", Projet : vivre !

Voici ma réponse au père de "X...", suite à l'envoi du "Projet de vie de sa fille".


Merci pour ce texte édifiant ! 
Même si je connais de nombreuses personnes qui sont dans le cas de votre fille, je suis toujours étonnée de voir qu'au delà de ces murs d'incompréhension, de la pression d'un système inhumain, de la froideur de certains acteurs du monde médical également, il n'y a jamais aucune proposition concrète. 
Votre texte s'intitule "projet de vie". 
Je suppose que c'est le terme qu'on vous a demandé d'utiliser...
Ce terme sous-entend que vous deviez montrer, vous et votre fille, que vous aviez prévu une stratégie pour vous sortir de là. 
Mais qui l'a aidée à entrevoir une lueur ? 
Qui l'a aidée à connaître non pas son passé mais son présent et surtout ce qu'elle aimerait atteindre à l'avenir ? 
Pour l'instant, elle a juste une étiquette : "handicapée". 
Certes, ce qu'elle ressent est handicapant, et pas seulement pour elle, et je dirais que c'est heureux que vous puissiez avoir une aide financière...
Mais ce n'est pas comme si elle était sourde ou paraplégique : il y a une issue. 
Votre fille a des rêves, il est urgent de l'aider à les écouter. 
Parce que s'il est une chose dont je suis sûre, c'est qu'elle veut en sortir de cette situation douloureuse pour toute la famille. 

Moi j'aurais intitulé ce texte : "projet : vivre !"

Je vous remercie de la confiance que vous me faîtes en me faisant partager ce texte et vous souhaite bon courage. 
A votre fille, je veux dire que je suis fière d'elle car, en venant me rencontrer avec vous, elle a fait montre d'un grand courage... Je suis très heureuse de l'avoir vue et d'avoir pu remarquer qu'au delà de son malaise, il y avait parfois sur ses lèvres, un sourire. 

Merci à toi ma grande !!!

Essayez de passer de bonnes fêtes de fin d'année.

"Projet de vie" de X

Je vous livre aujourd'hui le "projet de vie" de X..., tel que son père me l'a donné, suite à notre rencontre.
Il espère que ce partage pourra aider des personnes qui vivent le même type de situation...


« La petite ….. âgée de 10 ans connait depuis de longues années des problèmes de santé intestinaux qui se sont régularisés fin 2009. Cela a engendré de l’absentéisme scolaire de façon régulière et provoqué le redoublement de son CM2.

Lors de la rentrée 2009, …… a de suite verbalisé un mal être profond, déclenchant des crises d’angoisses de plus en plus régulières et de plus en plus fortes.
Suite à l’aggravation de son état, l’école a expliqué aux parents qu’il ne lui était plus possible de prendre …… en charge.

…… a perdu le sommeil et ne peux plus dormir loin de ses parents avec de réelles insomnies, les angoisses se sont amplifiées allant même jusqu'à créer des actes d’automutilations (violence à son encontre telles se claquer la tête dans les murs ; s’arracher les cheveux…).

Rapidement elle a perdu ses repères spatio-temporels, confond le jour et la nuit, a déclenché une anorexie en refusant toute alimentation, est soumise a des crises de larmes très importantes et de la dépression. ….. a perdu l’estime de soi et bien que coquette auparavant elle refuse désormais les actes d’hygiène élémentaires.
Un psoriasis est également en traitement.
 

….. a développé des phobies telles que la peur de l’extérieur, du monde, et surtout souffre d’un syndrome de séparation fort qui fait qu’elle ne supporte pas l’idée d’être éloignée de sa maman craignant qu’il arrive quelque chose à cette dernière, de même dans sa relation avec son père.

…… verbalise des idées très sombres, voire suicidaires menaçant de se jeter par la fenêtre ou de se couper avec un rasoir (ce que la famille a déjà constaté lui enlevant l’objet des mains de justesse).

……. refuse tout contact avec l’école et semble avoir développé une phobie scolaire intense.

Les parents de la jeune fille sont bien sûr désemparés et ont tenté de l’aider par plusieurs moyens.
Dans un premier temps ils se sont tournés vers l’école, ont rencontré à leur demande la psychologue scolaire puis le médecin scolaire par le biais d’un entretien très court et une orientation vers le CMP.
Prise en charge au bout de 2 mois par la psychiatre du service, ils n’ont pas poursuivi la prise en charge …… étant très désorientée par le discours de retour à l’école rapide qui lui était tenu et qu’elle n’arrivait pas à entendre.

La famille s’est donc tournée vers le CMPP de Dunkerque par le biais d’une prise en charge chaque semaine de mars à aout 2010.
…… semble avoir bien adhérée à l’aide que lui apportait la psychologue du service et semblait même avoir fait quelques progrès acceptant de réintégrer sa chambre par exemple.

Malheureusement ce suivi n’a pu être maintenu suite à la fin du contrat de la psychologue, le relais a donc été passé au psychiatre qui suit donc ….. depuis septembre 2010.Le psychiatre semble avancer qu’….. pourrait réintégrer l’école d’ici 6 mois, la jeune fille se sent pressurisée par ce discours et de nouveau un enfermement et des angoisses sont observés par ses parents.

Concernant la scolarité d’….., la famille a fait appel au CNED ainsi qu’à l’association « scolidaires » afin de limiter les retards d’apprentissage au maximum.
Chaque année la demande auprès du CNED est renouvelée sur prescription médicale et jusqu’à présent la famille a eu une prise en charge totale de ces frais.

Mr et Mme …… se sont également rapprochés de l’association des phobies scolaires qui leur apporte un peu de soutien et les oriente dans leur démarches.


Aujourd’hui les parents d’…. souhaitent une reconnaissance du handicap de leur enfant d’où leur demande auprès de la MDPH..
Le renouvellement de l’AEEH est donc sollicité tout comme la carte d’invalidité la jeune fille ayant perdue toute vie sociale.




A noter que la situation d’….. s’aggrave et se complexifie avec l’entrée dans la préadolescence. Actuellement ….. est très angoissée, se renferme de nouveau sur elle-même (approche de la rentrée de septembre ?) et a développé des tics manifestes et importants. ……..n’arrive pas à gérer ses émotions, a du mal a accepter de sortir malgré la présence et les sollicitations de ses parents qui demeurent constantes.
 

A noter que Mr et Mme …… souhaite exprimer auprès de la commission le quotidien de leur fille et l’ensemble des difficultés rencontrées dans la prise en charge d’..… »




Lors de la mise en place de l’AEEH nous avions été convoqués par la CDA où parmi les 7 personnes présentes il y avait un médecin spécialisé qui a évoqué l’ensemble de nos difficultés avant de rendre une décision. Cette fois la décision semble avoir été prise sur dossier et au regard des éléments portés pourtant à votre connaissance les compléments ont été retirés.
Nous sollicitons donc une révision de la situation dés que possible et refournissons des éléments médicaux. A noter que nous rajoutons les bilans endocrinologiques que nous n’avions pas fourni.
A ces problèmes psychiatriques, se rajoutent de vives douleurs abdominales et un retard de croissance qui pourrait être du à un blocage. Elle à l’âge osseux d’une enfant de 13 ans mais la taille qui correspond à peine à une enfant de 11 ans. Notre fille semble ne pas vouloir grandir et souffre beaucoup des intestins du fait surement d’angoisses consécutives à son mal être.
Aucun travail extérieur n’est envisageable pour mon épouse qui doit une surveillance quasi constante à ………….

En espérant que vous prendrez ces éléments en considération pour revoir la décision prise pour l’AEEH de notre fille, nous vous prions de recevoir, Madame Monsieur, nos sincères salutations.

lundi 10 décembre 2012

"M..." épisode 2


Je travaille avec « M… » depuis plusieurs mois, maintenant. La confiance s’est installée aussi bien avec elle qu’avec ses parents.
Sa maman, en particulier ne tarit pas de remerciements.
Elle voit sa fille s’ouvrir et retrouver peu à peu le sourire.

Le chemin de l’école est pourtant encore loin

Les contacts de la maman avec le CPE et le chef d’établissement l’inquiétaient systématiquement au point qu’elle était dans un état de stress et d’angoisse quasi permanent.
Elle avait peur d’avoir des ennuis sans bien savoir ce qui pourrait arriver…

Les relations de sa fille avec son père rendaient la situation également difficile…

J’ai commencé, comme je le fais avec chaque jeune, par travailler avec « M… » sur une projection dans son projet de vie…
Pour cela, il est nécessaire d’être à l’écoute de ce qu’il est, de ce qu’il aime, de ce qu’il aime être et faire, de ce qu’il aimerait être et faire.

Rien n’est impossible… chaque petite marche amène à l’objectif final.
Envisager l’objectif final, l’avoir toujours à l’esprit, c’est permettre au jeune de découper la progression en petites marches à gravir.

En ce qui concerne « M… », l’objectif final est de devenir toiletteur ou éleveur de chiens et de chats.

Pas de mensonge, bien sûr, toute profession nécessite une formation.
Même en apprentissage, il y a des cours à suivre.

Mais première marche, sortir de la maison…
Parce que, je le rappelle, « M… » n’était pas sortie de chez elle depuis juillet.
Même avec ses parents…

Lors de notre première rencontre, « M… » m’a parlé du fait que lorsqu’elle ne comprenais pas quelque chose et qu’elle posait des questions, elle n’obtenait pas de réponses à ses questions.
Manque de sens ?
Vraies questions ?

Toujours est-il que j’ai bien vu qu’elle avait un vrai niveau de troisième standard…
Elle n’aime pas les maths mais elle a de vraies capacités, notamment en français qu’elle utilise avec ses codes de jeunes dans  la mesure où cela lui permet de communiquer de vraies choses qui ont un vrai sens.
Par contre, elle aurait une capacité à adapter son discours écrit, de même qu’elle adapte envers moi son discours oral puisque je ne fais pas de jeunisme ou de copinage.

J’ai sa confiance et son respect et elle me dit les choses, même si elle est toujours un petit animal sauvage avec lequel il ne faut pas commettre d’erreur…

Au début de l’année, par rapport au travail scolaire, la famille était allée chercher les devoirs à faire à plusieurs reprises, sans que rien ne soit prêt.

Au mois d’octobre, j’ai eu un message sur mon répondeur : le médecin scolaire aurait souhaité me parler de « M… » et me demandait de prendre contact avec l’infirmière scolaire de l’établissement.

Je n’interviens jamais dans les établissements, sauf à la demande de celui-ci.

J’ai pris rendez-vous avec l’infirmière scolaire.
Même si mon temps n’était pas rémunéré, j’ai préféré la rencontrer.
L’infirmière m’a confirmé qu’en ce début d’année, elle avait bien vu que « M… » n’était plus la même. Elle a par ailleurs promis de veiller à ce que les devoirs soient préparés.
Vers la fin de notre conversation, le chef d’établissement est passé dans le bureau et nous avons convenu qu’il me contacterait pour que je vienne discuter du cas de « M… » avec lui.
Quelques semaines plus tard, je l’ai rencontré. 

Alors qu’au début, il était assez sceptique, notamment en raison du fait que, suite à un quiproquo, les devoirs attendaient depuis plusieurs semaines à l’accueil du collège (mais j’ai montré que « M… » travaillait sur des livres spéciaux du genre « devoirs de vacances pour toute l’année »), la conversation s’est terminée par une véritable compréhension et  de vraies propositions de sa part.

En cas de phobie scolaire, je suis contre les emplois du temps aménagés car je considère que le jeune se sent redevable de l’effort que l’établissement fait pour lui et se sent doublement coupable s’il ne réussit pas à remplir sa part de marché.

Cependant, dans ce cas, il s’agit d’une vraie proposition : signature d’une convention de stage d’observation dès que « M… » se sentira prête et ensuite, entrée dans un programme d’alternance particulier : trois jours entreprise, deux semaines à l’école avec des cours et des exercices en relation directe avec les apports du stage.

J’étais satisfaite de pouvoir rapporter ces choses positives à la maman qui, reprenant confiance, a eu un discours positif qui redonnait également confiance à sa fille.

J’avais bon espoir d’avancer vraiment mais une semaine plus tard, l’infirmière scolaire a téléphoné de la part du médecin scolaire en exigeant de rencontrer « M… » et sa maman, au collège, le mardi suivant.

La jeune fille a passé une semaine sous pression.

L e jour du rendez-vous, alors que sa mère lui demandait encore de bien vouloir l’accompagner, elle a vu sa fille blanchir et se mettre à trembler.

La maman a présenté au médecin scolaire un écrit de « M… », rédigé à ma demande et dont je n’ai rien voulu corriger.
Elle y explique ce qu’elle ressent à l’idée d’aller à l’école et de sortir de chez elle, elle explique ce qui ne va pas.

Cela n’a pas convaincu le médecin scolaire qui maintient l’idée que « M… » est un enfant roi qui doit faire un effort. Elle a exigé de lui parler au téléphone pour lui faire la morale jusqu’à ce que la maman coupe court à cette conversation à sens unique en entendant sa fille pleurer.

En sortant du bureau, après avoir été menacée des services sociaux et reçu les coordonnées d’un psychologue, elle a demandé à voir le chef d’établissement qui lui a répété mot pour mot ce que je lui avais relaté.

Depuis, « M… » a malheureusement reculé de quelques cases et nous lui avons caché un appel de l’infirmière scolaire qui insiste de la part du médecin pour qu’elle réintègre le collège au mois de janvier.
Je vais tenter de l’emmener voir un psychologue qui pourra poser officiellement le diagnostic de phobie scolaire, de façon à ce qu’elle puisse bénéficier d’enseignement à domicile.

Plus l’établissement mettra la pression, plus longue sera la route…

lundi 3 décembre 2012

Souvenir de "L..."


« L… » était un de mes élèves au collège.

Ce n’était pas un cas de phobie scolaire mais j’ai envie d’en parler pour montrer une situation conflictuelle.
Ici, les deux interlocuteurs sont un enseignant et un élève…

« L… » était un élève de 3ème, souriant, gai…
Il n’aimait rien tant que de faire des blagues, jamais méchantes, parfois envahissantes… Il ne choisissait pas toujours bien le moment de faire des vannes.
Je l’ai vu une fois ramper dans la salle de permanence, juste pour rigoler…
Bref, c’était une amusette.

C’est un fait que cette attitude n’était pas propice à la concentration, la sienne ou celle des autres…
Il avait des possibilités mais les résultats étaient assez catastrophiques.
Ses parents ne le cautionnaient pas mais ils voyaient bien que les observations dans le carnet et les retenues multiples ne le faisaient pas changer.

« L… » n’aimait pas le cours d’allemand, sans doute parce que le sérieux de l’enseignante s’accordait mal avec son profil ludique. Il s’y ennuyait, était complètement coulé et devenait rapidement gênant.

Dans le collège, il y avait parfois des problèmes de violence entre ados et, suite à une insulte d’une élève envers un adulte, il avait été décidé que tout acte de violence d’un élève envers un autre ou toute insulte envers un adulte entraînerait l’exclusion immédiate de ½ journée à 2 jours, selon la gravité des faits + 2 règlements à copier à la maison.  
Je trouvais que ce système avait au moins le mérite de laisser moins de place à la subjectivité que le vide mais je regrettais que le travail soit bêtement un règlement à copier.

La plupart du temps c’était moi qui appelais la famille lorsqu’il s’agissait d’une bagarre et je veillais à faire une médiation même si à l’époque je n’avais pas encore tous les outils pour cela mais : je les recevais individuellement, puis ensemble dans le but que leur conflit ne reprenne pas de plus belle à leur retour.

Il est un autre cours où les choses se sont très mal passées pour « L ».
C’était pourtant une matière qui aurait dû représenter une bulle d’oxygène dans la semaine mais il n’était pas le seul élève de troisième à s’en plaindre.
L’enseignante mettait un cadre, des règles, mais il semble que dès que les élèves avaient accepté ce cadre, elle le resserrait encore plus.

Un jour « L… » devait lui présenter son carnet. Elle voulait lui mettre une observation parce qu’il était allé en étude au lieu de venir en cours.
Comme il refusait de le lui donner, elle l’a menacé d’une retenue et il a répondu « j’en ai rien à f… ! »
Maladresse de communication sans aucun doute !
« L… » avait perdu son sourire depuis longtemps dans ce cours…

L’enseignante a lâché ses élèves pour aller téléphoner aux parents en disant qu’il l’avait insultée.

Elle avait toujours interprété l’attitude amusette de « L… » comme un manque de sérieux, lui avait prêté l’intention de perturber son cours et avait essayé de le contraindre à changer à coup de retenues et d’observations, sans succès.
« L… » de son côté, pensait que l’enseignante ne l’aimait pas, qu’elle n’avait qu’un but, le faire renvoyer et faisait de la résistance en allant en étude en disant que de toute façon, la prof disait qu’elle ne voulait plus de lui.  

Quand le père est arrivé, il a dit qu’il savait bien que son fils n’était pas un ange mais qu’il ne comprenait que l’on veuille exclure son fils car il n’avait pas insulté l’enseignante.
Il a fallu que je compose avec lui, puisqu’il avait raison : c’était une interprétation de la nouvelle règle, un abus de pouvoir…

Bien sûr, tout comme le père, j’ai dit à « L… » qu’il aurait mieux valu qu’il n’aie pas cette parole malencontreuse et je l’ai officiellement exclu de ce cours jusqu’à la fin de l’année en l’obligeant à réviser, en étude, ses matières de brevet et l’allemand, à la place.

L’enseignante a trouvé que c’était trop facile.

Moi j’ai préféré lui éviter de se faire taper dessus par un ado qui n’avait absolument aucune propension à la violence mais qui était au bord de péter les plombs !...